Huoda SALEH HUSSIN Thèse de doctorat en STAPS
Titre : Femmes détenues en Libye et traumatismes extrêmes liés à la condamnation pour crime d’honneur. Comment la pratique physique et sportive peut permettre de libérer leurs émotions négatives ?
Date : 28/09/2023
Membres du jury :
- Directeur de thèse : M. VIEILLE MARCHISET Gilles, Professeur, Université de Strasbourg
- Rapporteur : Mme Genevieve Cabagno, Professeure, Université Rennes 2
- Rapporteur : M. Thierry Long, Maître de Conférences HDR, Université Côte d'Azur
- Présidente de jury : Mme Rohmer Odile, Professeure, Université de Strasbourg.
Résumé :
Les femmes détenues en Libye pour crime d’honneur sont les grandes oubliées du système pénitentiaire. Leur détention, souvent liée au manque d’éducation et à la pauvreté, pour le crime d’entretenir des pratiques sexuelles jugées déviantes car hors mariage, fourni la garantie répressive d’une société conservatrice qui condamne ces femmes pour avoir porté atteinte à l’honneur de la famille et par conséquent pour infraction aux traditions. Le rôle de l’autorité pénitentiaire consiste à travailler sur la repentance et la réparation morale de la faute de ces femmes, et non pas à offrir des programmes de réinsertion où elles pourraient s’épanouir. Au vu de ces observations sociétales et de ce diagnostic mortifère, nous avons réfléchi à l’étude d’une méthodologie expérimentale dont l’enjeu consistait à mettre en place un programme de pratique d’activités physiques et sportives destiné à ces détenues pour lutter contre l’isolement, dans l’espoir d’atténuer le traumatisme émotionnel et psychique de la peine de prison dans leur vie quotidienne.
L’analyse socio-psychologique est faite sous l’angle de la gestion des émotions et de la restitution de la dignité de leurs individualités, via le pouvoir d'exprimer sans tabou des sensations enfouies et de se libérer de leurs émotions négatives. 10 femmes détenues réparties dans deux groupes, un groupe A expérimental et un groupe B témoin, ont participé à nos enquêtes. Les 5 femmes détenues du groupe A ont participé à nos programmes d’activités physiques et sportives. Des données qualitatives et quantitatives ont été recueillies grâce à des observations participantes, une carte corporelle des émotions, des ateliers, des entretiens par récits de vie, des questionnaires (l’échelle de stress post- traumatique) et un programme d’activités physiques et sportives.
Les analyses, les résultats et les observations, ont permis de constater une diminution de l’émotion négative grâce à la pratique physique et sportive et aux différentes démarches de terrain menées.