Axes de recherche 2018-2022

Axe 1 : ESIS : Éducation, santé, intégration par le sport

L’axe de recherche « éducation, santé et intégration par le sport » cherche à comprendre les normes et les valeurs véhiculées dans les stratégies et les pratiques de différentes institutions éducatives, qu’il s’agisse des institutions scolaires (enseignement primaire, secondaire et universitaire), extra-scolaires, éducatives et/ou sportives. Les multiples objets de recherche structurant cet axe offrent un terreau fertile pour expliquer les processus d’acculturation, d’enculturation, de diffusion et de transferts culturels tout en permettant de réfléchir aux conditions nécessaires, mais pas toujours suffisantes de cette éducation tout au long de la vie. L’étude de ces processus sur les populations ciblées fait ici l’objet d’une attention particulière, qu’il s’agisse des publics scolaires (enfants, élèves) et/ou spécifiques (personnes en situation de handicaps, malades chroniques, pratiquants vulnérables).

Trois aspects font l’objet d’une attention particulière. D’abord, les institutions d’éducation par le sport (XIXe-XXIe siècles) par l’étude des initiatives prises par les acteurs des institutions d’éducation par le sport depuis le XIXe siècle, ce qui permet de situer les enjeux de l’acte éducatif sur un axe dont les deux pôles seraient la réalisation de la personne et l'adaptation à la société. Au cours du XXe siècle, les différentes institutions d’éducation par le sport (mouvement olympique et non olympique, mouvement affinitaire) voient se renforcer leurs missions d’inclusion des populations vulnérables tant dans le cadre des temps de travail que de celui des loisirs éducatifs et sportifs. Les structures associatives, publiques et même marchandes tentent ainsi d’innover pour accueillir de nouveaux publics, notamment dans une perspective éducative. Quels processus sont identifiables dans la diffusion de la nouveauté au niveau des structures et des territoires ? Il s’agit d’explorer les modalités d’innovation sociale des acteurs individuels et collectifs pour répondre à des politiques singulières. Quels sont les enjeux sociaux et culturels relatifs à l’éducation et à l’intégration de ces « nouveaux publics » (handicapés, patients, nouveaux publics féminins, milieux pauvres, pratiquants âgés) ? Quelles compétences pédagogiques sont nécessaires pour les enseignant(e)s, les éducateurs (trice)s, les acteurs de « l´éducation» par le sport et ceux encadrant les activités physiques et de loisirs ?

Ensuite, les travaux s’orientent vers un renouvellement de la pensée sur l’intégration par le sport : le sport, entre communautés et société. Utilisée dans le discours politique et le langage ordinaire, la notion de « communauté » désigne tantôt un enfermement, tantôt un modèle d’ouverture et de dialogue interculturel. Les interrogations qui se multiplient au niveau international sur la place et le rôle des communautés nous conduisent à re-questionner tant les catégories savantes et pratiques désignant les communautés que la réalité de leurs contours et le sens que leurs membres confèrent à l’attachement « communautaire ». Issue de la description empirique d’une variété de processus sociaux, la communauté est en même temps un idéal et une prescription normative qu’il s’agira d’analyser. S’agissant des immigrés, le sport peut « intégrer » les populations selon deux modalités : par le « sport communautaire » ou par le « sport-creuset ». Par le recueil de données empiriques sur des terrains européens, les recherches s'efforceront d'améliorer l'état de la connaissance sur les modalités d’intégration, d’appartenance, d’identification et de résistance à des communautés et normes sportives. La méthode comparative sera plus particulièrement convoquée dans ce travail d’objectivation réflexive.

Enfin, les travaux touchent également l’éducation pour la santé et le bien-être par les activités physiques et sportives. En effet, les activités physiques et le sport sont aujourd’hui convoqués au niveau des politiques de prévention dans le domaine de la santé en Europe. Il s’agit de questionner les fondements anthropologiques et politiques de ces actions menées sur le continent européen. Au niveau socio-historique, comment ces dispositifs de prévention, qu’ils soient publics ou privés, locaux ou nationaux, ont-ils été conçus et mis en place ? Selon quelles modalités ? Par quels acteurs sanitaires et sociaux ? Il s’agit ici tout particulièrement d’identifier les fondements de la construction d’une rationalité normative corporelle qui responsabilise les individus en imposant à tous, notamment aux plus vulnérables, les dispositions corporelles de certaines fractions sociales. Cette logique « santéiste » met en avant de nouveaux acteurs, non seulement médicaux et paramédicaux, mais également extramédicaux (clubs sportifs, associations, mutuelles, État, organismes de formation).

Axe 2 : TIPS : Territoires, institutions et politiques sportives

Dans des configurations socio-historiques données, des objets scientifiques peuvent émerger d’une articulation entre des territoires et des acteurs. Il peut s’agir d’espaces spécifiquement sportifs ou d’espaces sociaux n’intégrant que quelques éléments renvoyant au sport. Ces derniers sont à considérer comme des carrefours où se confrontent – coopèrent et s’affrontent symboliquement – des acteurs dont les stratégies et les ressources proviennent pour l’essentiel d’autres champs structurés en fonction d’histoires (locales, régionales, nationales) et d’intérêts spécifiques. Toutes les catégories d’acteurs peuvent se retrouver convoquées dans les analyses. Pratiquants ou non, ils peuvent également se revendiquer d’un territoire (une nation, une aire culturelle), s’identifier à une ville ou s’attacher à une région par l’intermédiaire du sport…
À quels processus identitaires territorialisés peuvent participer les activités physiques et sportives ? Comment se construisent des espaces et territoires en lien avec les activités physiques et sportives ? Quels enjeux et dynamiques les caractérisent ? Comment évoluent-ils et quelles hiérarchies leurs analyses objectivent-elles ?
L’axe TIPS analyse, à différentes échelles – du local à l’international avec une attention particulière pour la configuration européenne –, le phénomène sportif avec le souci de considérer les spécificités propres à chaque niveau. Par exemple, l’analyse de la genèse du « projet sportif européen » et de la structuration formelle et informelle de l’espace sportif européen entend s’intéresser non seulement aux institutions, mais également aux « entrepreneurs d’européanisation». Territoires, institutions et politiques sportives sont donc à considérer dans leur réalité objective, mais également à travers les représentations auxquelles ils donnent lieu.
Si la prise en compte des politiques reste incontournable, la partition socio-économique entre les différents secteurs publics et privés, marchands et non-marchands, devrait également permettre de mieux comprendre les enjeux du développement du sport. Tout comme l’importance des institutions dites officielles (à caractère bureaucratique) ne doit occulter le pouvoir instituant des différents acteurs.
En évitant d’isoler les activités physiques et sportives des autres pratiques sociales, les perspectives d’études pourront se qualifier de sociologiques, d’ethnologiques et d’historiques ; mais un souci anthropologique pourra peut-être permettre de nouveaux regards sur le sport.
Cet axe (TIPS) privilégiera, pour la compréhension du phénomène sportif, l’analyse des territoires, des configurations socio-historiques, des politiques, des institutions, des changements sociaux, mais aussi celles des activités physiques et sportives au niveau le plus microscopique.

Axe 3 : SMET : Sport, Marchés, Entreprise, Travail

La recherche aborde deux problématiques en lien avec les entreprises du sport (des secteurs marchand et non marchand - public et associatif) : la spécificité des marchés du sport en termes d’abord d’offres et ensuite de demandes, la question du sport au travail et de ses usages, mais aussi l’analyse des activités de travail, de l’employabilité et des emplois sportifs (abordée notamment par le prisme des compétences requises et possédées).

Au premier niveau, côté offre, l’objectif est de mieux comprendre les logiques productives dans leur diversité sectorielle (secteurs public, associatif, commercial). Il s’agit de repérer les convergences et les spécificités propres à chaque secteur et de poursuivre la validation de l’hypothèse de marketing(s) public, associatif et commercial (appliquée aux biens et services sportifs). Côté demande, l’objectif de recherche est de développer la connaissance des comportements de consommation de services sportifs et d’articles de sport, afin de valider l’hypothèse de comportements spécifiques à ce secteur économique.

Ensuite, l’étude du sport au travail, du travail dans le sport se concentre sur l’offre sportive telle qu’elle est proposée – voire imposée – aux salariés dans l’univers du travail (en particulier dans les grandes entreprises du secteur tertiaire, mais aussi dans les PME, les collectivités et les administrations). Il s’agit tout d’abord de mieux saisir la diversité des usages de l’activité physique et sportive au travail. Cet examen s’accompagne d’une analyse approfondie des effets (réels ou supposés, directs ou indirects, structurels ou conjoncturels, sanitaires et sociaux) liés au développement d’une offre sportive au travail, aussi bien sur les salariés qui s’y adonnent assidûment que sur ceux qui n’y participent pas. L’objet est plus spécifiquement d’appréhender la question de la santé au travail en combinant des approches sociologiques et managériales. Il nous importe d’identifier ce que les usages du « sport-santé » nous apprennent sur le travail du XXIe siècle, sur le fonctionnement et le management à l’oeuvre dans les entreprises modernes.

Enfin, l’approche multi-référencée (sciences de gestion, sociologie économique, sociologies de l’emploi, des organisations, du travail et des professions) s’intéresse à la question du travail sportif, autant pour analyser
l’activité de travail proprement dite que pour comprendre les parcours d’insertion professionnelle, l’employabilité des étudiants en sciences du sport en particulier et les dynamiques d’emploi sectorielles. Le travail et les modalités de sa mise en oeuvre ne peuvent être appréhendés indépendamment d’un questionnement sur les temps sociaux et leur articulation. L’imbrication des temps de travail et de loisir se présente, pour les professionnels oeuvrant dans le secteur sportif associatif et marchand, autant comme une contrainte que comme une ressource qui semble caractériser leur identité professionnelle.

Dès lors il s’agit, au travers de nos trois axes de recherche, de mettre en exergue un éventuel système relationnel spécifique ou non au sport à l’épreuve de différents terrains dans le cadre de contrats d’étude et de
recherche (IDEX, PROJEX, ERASMUS +, ANR, Satt-Conectus…), afin de contribuer à ériger une théorie dynamique des acteurs du sport selon différentes configurations au cours du prochain contrat quinquennal.

Ce programme scientifique servira de lignes directrices à tous les programmes de recherche, doctorale ou contractuelle, au cours de la période 2018-2022, en mobilisant nos partenariats scientifiques, notamment européens (particulièrement franco-allemands) et institutionnels (par exemple, Eurométropole et Institut national de promotion de la santé), associatifs (Mutualité française, EPGV, Ufolep, sport en entreprise, Agence pour l’éducation par le sport) et privés (Adidas, Puma…).

Dans ce cadre, notre stratégie reste résolument orientée vers le développement de la recherche contractuelle. Il s’agira de développer des partenariats européens pour déposer à nouveau des projets dans le cadre de l’Agence nationale de recherche (appel à projets franco-allemands notamment) et dans le cadre du dispositif HORIZON 2020. Parallèlement, les partenariats privés devront être également privilégiés, notamment avec de grosses entreprises et fédérations, afin de construire des contractualisations pérennes, correspondant au temps long de la recherche. L’idée est de monter des équipes restreintes impliquant des enseignants-chercheurs du laboratoire, des collègues d’autres universités françaises et européennes et surtout des jeunes chercheurs.