Regards croisés : la F3S aux Jeux Olympiques et Paralympiques #7

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Gilles Erb, actuel président de la fédération française de tennis de table (FFTT) et enseignant à la faculté des sciences du sport, nous partage son émotion d’avoir pu vivre à Paris des Jeux Olympiques qui resteront dans l’Histoire.

Quels retours faites-vous sur ces Jeux Olympiques de Paris ? 

Extraordinaire.  Vraiment, je ne peux pas dire autrement.  Au-delà de ce qu'on peut imaginer et de le vivre de l'intérieur, c'est vraiment complètement fou. Je pense qu'il va falloir quelques semaines pour faire le tri dans toutes les émotions qu'on a pu vivre et pour retrouver un peu de sérénité parce qu'on est encore dans cette excitation avec les jeux paralympiques qui arrivent.

En tant que membre du bureau du Comité national olympique et sportif français, et je crois que tout le monde le dit, ces jeux ont été parfaitement réussis. Ils ont été réussis, car la délégation française a formidablement performé, et l'ambiance dans Paris était vraiment extraordinaire. Il y avait une ferveur populaire, festive, des sourires sur le visage des gens alors qu'on sortait de trois semaines de crise politique majeure dans notre pays. Cette ferveur dans les stades a atteint des proportions jamais vues ailleurs. Paris a été vraiment une fête. Paris s'est mis à disposition des Jeux, c'était un stade à ciel ouvert. 

Les célébrations au Club France étaient incroyables. Le Club France a réuni 40 000 personnes par jour, c’était vraiment le lieu où il fallait aller, je n'ai jamais vu une ferveur pareille. À minuit, 1h du matin, il y avait encore 5 000 - 7 000 personnes pour attendre les athlètes et les célébrer.  Et évidemment, pour le président de fédération que je suis, c'est un lieu de réseautage.

Ce que je voudrais aussi retenir, c'est la puissance du message des Jeux. Ce message de fraternité, de rassemblement des peuples, de paix est souvent galvaudé, mais il prend vraiment de la puissance, à travers les Jeux.  Quand je vois en tennis de table, sur le même podium, en double mixte, les athlètes de la Corée du Nord qui ont fini deuxième et les athlètes de la Corée du Sud qui ont fini troisième, qui se font des selfies pour immortaliser l'événement ... En termes d'image politique, en termes d'image de fraternité, je trouve que c’est hyper puissant. 

Et puis, je retiens les 45 000 volontaires qui ont apporté une touche tout à fait particulière à ces Jeux olympiques, de la bonne humeur et du service pour tous les spectateurs.

Je ressors transformé de ces jeux, je ne suis plus exactement le même. Avant les Jeux, j'étais un passionné du sport, un passionné des Jeux et je suis devenu un amoureux des Jeux, qui véhiculent des valeurs très fortes. 

Côté tennis de table, plusieurs choses m'ont marqué.  Il y avait une ambiance de folie dû aux résultats qu'on a su faire. Le parcours de la France en tennis de table est exceptionnel. Nous n’avions gagné que deux médailles dans notre histoire, une en 1992 et en 2000.  Et nous gagnons deux médailles à Paris, avec deux équipes complètement renouvelées, hyper jeune, sans expérience olympique. C'est complètement fou. Ils ont été portés par ce public. Et nous avons un joueur d'exception avec Félix Lebrun, qui a un talent incroyable. Il sait gagner. Il est né champion. C'est un ambassadeur extraordinaire pour le tennis de table, un accélérateur de notoriété. 

Alors, bien sûr, quand on fait ces résultats, ça signifie qu'on ne s'est pas trompé dans la sélection des joueurs, ni dans la préparation des joueurs, ni dans le dispositif qu'on a mis en place pour la performance.

Il y a eu un emballement médiatique énorme. 

Je trouve qu'il y a eu un emballement médiatique pour les Jeux.  Et puis alors, pour le tennis de table, c'était complètement fou, puisqu'on était vraiment une des disciplines phares des Jeux.  On a pris une autre dimension, puisqu'on a été traité finalement comme les plus grands sports. Et pour le tennis de table, c'est une nouveauté. Quand Félix a joué son match pour la médaille de bronze, il y avait 6 millions de téléspectateurs sur France 2. 6 millions de téléspectateurs, d’habitude, ce sont c'est les chiffres du football, pas des chiffres du tennis de table. C'est vraiment extraordinaire. 

Nous n’avons jamais eu autant de journalistes dans la salle de tennis de table.  Nous n’avons jamais eu autant de personnalités qui sont venues dans la salle de tennis de table. C'est une grande fierté. Maintenant, le temps de la célébration arrive parce que c'était un moment historique, vraiment, je crois qu'on peut le dire. 

Comment faites- vous la transition avec les Jeux paralympiques qui débutent aujourd’hui ? 

Les Jeux paralympiques, c'est différent parce que la Fédération Française de Tennis de Table n’a pas ce qu'on appelle la délégation du paralympique. C'est-à-dire que le tennis de table est géré par la Fédération Française Handisport (FFH) et la Fédération du Sport Adapté.  Évidemment, nous sommes partie prenante, mais nous n’en avons pas la responsabilité. La plupart des athlètes paralympiques sont entraînés par des entraîneurs de la Fédération Française de Tennis de Table, et ce sont aussi des joueurs qui jouent dans les championnats de la Fédération Française de Tennis de Table. Mais en revanche, nous ne portons pas la responsabilité du résultat, puisque c'est la FFH qui investit les moyens financiers. 

Aujourd'hui personne ne fait la différence, il s’agit de tennis de table, ce sont les Jeux Olympiques, et ce sont les Jeux Paralympiques.  Et c'est comme le disait Tony Estanguet, c'est ce match retour qui démarre, mais c'est le même match finalement. 

Comment se fait-il que la FFTT n’ait pas de délégation paralympique ? 

C’est historique mais, avec ma nouvelle équipe et dans notre nouveau programme pour le prochain mandat, je souhaite mettre fin à cette situation qui ne répond pas à mes valeurs d'inclusion. Dans la réalité du terrain, les clubs de tennis de table sont inclusifs, ils accueillent des personnes valides et des personnes en situation de handicap et tout le monde joue ensemble, sous la même bannière, dans le même club. 

Comment s’est faite la sélection des pongistes en para-tennis de table ? 

La sélection a été faite par la Fédération Française Handisport sur la base de résultats dans leurs tournois internationaux.  Ensuite, la FFTT va mettre des moyens pour que les athlètes puissent performer au mieux, puisque pour le grand public et pour les médias, on va parler de tennis de table. 

Pensez-vous qu’un jour les Jeux Olympiques et les Jeux paralympiques ne feront qu’un ?

Les Jeux paralympiques sont nés en 1960, c'est hier dans l'histoire du sport. On est aujourd'hui dans un moment où il y a un rapprochement qui est en train de se faire. On a connecté les deux, mais on est encore séparés. Je crois que le sens de l'histoire mènera à cette « réunion ». Il y a encore des défis logistiques à régler. C'est une super aventure de pouvoir imaginer ça. 

Je crois que les Jeux paralympiques vont nous réserver de belles surprises.  Ça va marquer et ça va rester dans la tête des spectateurs, des créateurs, des décideurs… J’espère vraiment qu'il va y avoir une belle ferveur et un bel enthousiasme des médias aussi, parce que les médias sont aussi très importants, ils vont pouvoir donner envie de parler très positivement de ces para-athlètes. 

Un mot pour conclure ?

Dans l’organisation des Jeux, il y a de vrais choix qui ont été fait au départ. On voulait des Jeux Olympiques populaires, ils l’ont été.

On voulait innover, faire des jeux qui ne ressemblent à aucun autre, apporter cette créativité. Parce qu'on voulait que les Jeux de Paris soient un tournant dans l’histoire des Jeux. 

Il y aura aussi ces héritages de rassemblement, d'être un peu plus optimiste, d'accepter mieux l'autre, la différence, d'avoir envie de construire ensemble des choses pour les quartiers, pour les entreprises, pour les associations. C'est ça l'héritage des jeux, d'avoir envie de travailler ensemble, de s'épanouir ensemble. 

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