Ce titulaire d’une maîtrise en génie des systèmes industriels a changé de projet professionnel après 9 années à travailler dans l'industrie, pour occuper un emploi plus en lien avec ses valeurs et ses convictions. Après l’obtention d’un certificat de qualification professionnelle (CQP), il exerce comme agent soignant thermal pendant plus de 4 années, puis devient formateur référent au sein du groupe thermal qui l'emploie. Pour approfondir ses connaissances et diversifier ses compétences, il s’inscrit ensuite au DEUST APSL Seniors. Depuis, il continue à se former pour proposer de nouvelles activités et intervenir auprès d’un large public, prioritairement senior : tronc commun d'animateur de randonnée de proximité auprès de la fédération française de randonnée pédestre, éducateur sportif sport-santé auprès du comité régional olympique et sportif (CROS) qui lui permet d’intégrer le programme Prescri'mouv ou encore une formation en Shinrin-Yoku (bain de forêt).
Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier?
J'apprécie le contact avec les gens, d'exprimer ma créativité : se poser devant une feuille et se dire « Qu'est-ce que je vais leur proposer cette semaine pour les surprendre ? ». Pour une séance, je travaille aussi ma mémoire parce que j'essaie de retenir la séance par cœur. Avoir des horaires décalés me convient aussi, j'encadre surtout des séances en soirée, puisque les gens travaillent dans la journée. Les retraités et les indépendants, je les retrouve les après-midis ou les matinées. Je peux également travailler le samedi et dimanche, en organisant des randonnées, des stages, ou en participant à des salons.
Vous passez votre journée ou votre semaine à jongler.
Oui, une journée je peux travailler face aux clients 4h, le lendemain 6h. En tant qu'indépendant, avoir un emploi du temps réglé à 35 heures par semaine en présence clientèle, ce n’est pas possible, parce que physiquement, on n'a pas forcément la vitalité et il y a les déplacements entre les différents lieux de pratiques à prendre en compte dans son temps de travail. Si on a une baisse de régime (grosse fatigue, maladie), on peut reporter des contrats (séances individuelles), les séances collectives étant fixes ne peuvent être reportées. Quand on travaille à son compte, il faut aussi chercher les clients. Si on est bien organisé, avec la gestion comptable, ça prend 2-3 heures sur une semaine. En moyenne, actuellement je travaille 20h par semaine en présence clientèle.
Pour vous, quelles sont les compétences qu'il faut avoir pour exercer ce métier d’éducateur sportif en APAS?
Des compétences techniques, et aussi de la créativité : si vous faites tout le temps la même chose, les gens ne vont plus avoir la même motivation et vont se lasser. Par exemple, quand j'encadre des marches nordiques urbaines dans Strasbourg, je ne fais jamais le même parcours. Et j'y rajoute souvent un petit côté culturel, comme en passant par des expositions en extérieur, place du château ou sur la verrière de la gare. Durant une séance collective de sport-santé, il faut impérativement s’adapter au public suivant leur état de santé, être proactif en cherchant, imaginant et proposant différentes alternatives de mouvement. Je souhaite que ce que j'apporte aux gens durant les séances puissent leur être utile dans leur quotidien. C'est notamment un de mes projets : en accord avec la nature, inciter la population à adopter un mode de vie plus simple, plus sobre et moins sédentaire.
Il n’y a pas trop de concurrence pour l'instant dans ce secteur d’activité ?
Chacun peut trouver une séance qui lui convient. J'ai une façon de faire qui ne plaît pas forcément à tout le monde. L'essence de mes séances est le ralentissement, la présence à l'action, comme le conçoit la philosophie Zen. Cela contraste avec des séances qui mettent en avant la vitesse et l'explosivité. Je pense que le marché n'est pas saturé.
Quand vous avez créé votre entreprise, comment vous êtes-vous fait connaître ?
Il y a le bouche-à-oreille qui a fonctionné et le référencement sur Google, j'y travaille encore actuellement. J'ai également participé à des salons et à des rencontres avec les Alumni.
Vous pensez que ce serait utile aux étudiant.es d’avoir des informations sur « comment développer son activité »?
Je conseillerais à un jeune diplômé de d'abord se salarier. Ça va lui permettre de se structurer, de se créer une méthode de travail et surtout de mettre en application le côté technique de l'activité physique, de bien l'ancrer. Le salariat permet d'être totalement impliqué sur sa tâche d'encadrement de séances, parce que dans l'entrepreneuriat, il n'y a plus aucun cadre, il y a de nouveaux domaines de compétences qui se rajoutent, la comptabilité, la recherche clientèle, le marketing, l’organisation de son agenda... Le salariat permet aussi de créer son réseau professionnel.
Avec le recul, quels sont les enseignements qui vous ont été les plus utiles pour le développement de votre activité?
La gériatrie, la sociologie, la psychologie du vieillissement et la pré-professionnalisation ont été déterminants pour connaitre et comprendre ce public spécifique. Il y a aussi les sciences fondamentales comme l'anatomie et la physiologie, pour être vraiment précis dans ses explications et être compréhensible par tout le monde. Enfin, la communication pour apprendre à s'exprimer face à un public : ce n'est pas évident au départ, quand vous avez plus d'une vingtaine de personnes devant vous, de vous exprimer avec clarté et d’avoir la bonne intonation de voix.
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